Serena M. : Bonjour Anne ! Voilà un an (presque jour pour jour) que tu as publié ton livre, La Face Cachée des Dômes, aux éditions Rebelle. Peux-tu en premier lieu nous énoncer le concept de cette dystopie ?
Anne F. : Et oui, un an déjà, le temps passe vite... Quand j’ai commencé à écrire La Face Cachée des Dômes, je ne savais absolument pas où cela me mènerait. Je suis partie du principe que les différences fondamentales entre les hommes et les femmes avaient fini par les séparer. A quoi pourraient ressembler et surtout comment pourraient fonctionner une société composée uniquement d’hommes et une autre avec seulement des femmes ? Antaldys et Ethan sont nés pour répondre à mes questions...
Serena M. : Du coup, un avenir où les femmes et les hommes vivent séparés et ne se croisent jamais, d’après toi : Paradis ou Enfer ?...
Anne F. : Pour la plupart des gens vivant sous les dômes, c’est simplement une habitude puisqu’ils n’ont pas connu autre chose et n’imaginent même pas que cela pourrait se passer autrement. Seules les mères porteuses vivent l’enfer lorsqu’elles mettent au monde des fils et doivent les abandonner au profit des hommes. Heureusement que rien de tout cela n’est possible en dehors de mon imagination. Pour moi, l’homme est avant tout le complément de la femme et inversement, la nature a bien fait les choses.
Serena M. : Comment (ou « de quoi ») sont nés Antaldys et Ethan, tes personnages principaux ? En quelques adjectifs, comment les décrirais-tu ?
Anne F. : Antaldys et Ethan, comme tous les autres personnages du roman, sont nés grâce à l’insémination artificielle. L’amour n’a aucune place dans la conception des enfants. Pour décrire avec le plus de précision possible mes deux héros, je dirais qu’Antaldys est une vraie rebelle, éprise de liberté et prête à tout pour lutter contre l’injustice qui lui interdit de revoir son fils. Ethan est un garçon curieux, sensible et aventureux, qui doute souvent de lui et de ses choix mais ne manque pas de courage quand il faut agir pour le bien de ceux qu’il aime.
Serena M. : Si mes informations s’avèrent exactes -et je sais qu’elles le sont-, il me semble que ce roman est ton premier « bébé » publié. La dystopie se déroulant dans le futur, c’est tout un monde à mettre en place... Ne penses-tu pas que, d’une certaine façon, le plus dur -en terme littéraire- est derrière toi ?
Anne F. : C’est vrai, tes infos sont exactes, La Face Cachée des Dômes est bien mon premier roman publié. Et sans doute le plus difficile à écrire aussi, je voulais tellement approcher de la perfection que j’ai passé beaucoup de temps à faire et refaire. Mais je ne suis pas sure d’avoir envie que le plus dur soit derrière moi, je n’aime pas la facilité, il se pourrait bien que je me lance de nouveaux défis encore plus compliqués...
Serena M. : Si tu devais faire le point sur cette année écoulée, en un mot ou en plusieurs, ce serait... ?
Anne F. : Une année de découvertes. Premiers salons du livre et dédicaces, premières rencontres avec les lecteurs, premières sensations après les critiques, bonnes et moins bonnes. Une année de chance aussi puisque deux de mes nouvelles ont été retenues, la première L’héritier de Lucifer est sortie ce mois-ci aux éditions La cabane à mots dans un recueil collectif au nom évocateur de Antho-noire pour nuits blanches. La seconde Le sang des inférieurs sortira très bientôt chez Cyngen éditions, également dans un recueil collectif, et ce sera aussi de l’anticipation. Les douze derniers mois m’ont donc comblée !
Serena M. : Comment as-tu vécu -et vis-tu toujours- la confrontation avec les lecteurs ? J’imagine que c’est comme révéler un bout de soi ! Alors, plutôt stressant ou excitant ?
Anne F. : C’est du bonheur à l’état pur, stressant à chaque fois mais tellement excitant ! Parler de ma passion avec des gens qui vont me lire ou qui m’ont lue, c’est le moment le plus fort du « métier ». Je me souviens d’avoir délaissé mon stand à un salon du livre, pendant la pause du midi, pour aller partager un sandwich avec deux futurs lecteurs qui venaient de se rencontrer. Nous avons refait le monde à partir de mon livre pendant deux heures. Je n’ai pas vendu grand chose ce jour-là mais c’était un moment inoubliable.
Serena M. : Ton livre comporte 408 pages. Qu’as-tu envie de dire aux lecteurs qui seraient « effrayés » par ce nombre pour les motiver ?
Anne F. : Que le prochain sera moins long, c’est promis ! Non, sérieusement, c’est vrai que ça peut sembler long, mais il paraît que l’écriture est fluide si j’en crois la plupart des gens qui l’ont lu. A ce jour, une seule personne a abandonné avant la fin et ceux qui l’ont aimé en ont redemandé. Hum, pas sûr que ce soit convaincant comme argument.
Serena M. : Tu as évoqué qu’il y aurait peut-être une suite à ce roman. Est-ce toujours dans tes projets ?
Anne F. : Moyennement. Je pensais écrire une suite, mais j’hésite. Pour l’instant, j’ai plusieurs choses en cours, et pas trop d’inspiration pour la suite du roman. Il faudrait que beaucoup de personnes me le demandent, ça me motiverait peut-être !
Serena M. : En parlant de projets, donne-moi du croustillant ! En aurais-tu un de très élaboré, voire terminé ?
Anne F. : En voilà une question intéressante ! J’ai dû terminé, oui, deux romans contemporains, pas du tout dans le même style que La Face Cachée des Dômes. Tous deux cherchent un éditeur mais quand on change complètement de style, il faut recommencer tout le travail à zéro, donc ce n’est pas gagné. Le premier roman raconte l’amitié insolite entre un peintre alcoolique et un trafiquant de faux tableaux, le second parle d’une histoire d’amour destructrice entre une femme fragilisée par un décès et un presque marginal addict au jeu. Mais j’ai aussi deux romans d’anticipation en cours d’écriture, l’un étant en passe d’être achevé. Il s’agit de la transformation en roman de ma nouvelle Le sang des inférieurs. J’ai tellement aimé écrire la version « nouvelle » que je n’ai pas pu m’arrêter là, sitôt terminée, sitôt je l’ai reprise en version roman.
Serena M. : Pour finir, la dystopie est-elle un genre qui te plaît au point de vouloir retenter l’expérience ? Quels autres voudrais-tu essayer ?
Anne F. : Je crois que j’ai un peu répondu dans la question précédente. Oui écrire une dystopie m’a vraiment donné envie de recommencer l’expérience. Imaginer des avenirs possibles à notre humanité mal en point est ce que je préfère, mais j’ai aussi envie d’écrire plein d’autres choses, d’autres nouvelles par exemple, sur des thèmes précis proposés dans des appels à textes. J’ai déjà repéré quelques sujets qui me tentent bien, reste à savoir si j’en aurai le temps !
Serena M. : Merci beaucoup pour ce moment d’échange Anne, j’espère te retrouver bientôt avec un nouveau livre !
Anne F. : Merci à toi Serena ! Ce fut un véritable moment de plaisir pour moi !
◊ ◊ ◊
Commenter cet article