Serena M. : Bonjour Fréderic. Nous voici plongés dans un univers plus sombre que les précédents... Ton dernier roman, nommé Oxana, vient d’être publié aux éditions Sharon Kena. En quelques lignes, de quoi parle l’histoire ?
Frédéric L. : Bonjour Serena. Oxana raconte l’histoire de Claudio, un jeune garçon placé dans un orphelinat en Espagne. Il rencontre un jour une jeune fille mystérieuse prénommée Oxana. Très vite, ils éprouvent un sentiment d’amitié qui évoluera au fil du temps en amour. Mais ce ne sera pas une histoire de tout repos car Oxana est investie d’une mission : elle doit fermer les portes donnant sur un autre monde. Un univers violent qui n’a rien à voir avec celui que nous connaissons.
Serena M. : Claudio et Oxana sont-ils des personnages inspirés (de près ou de loin) de ton entourage ?
Frédéric L. : Absolument pas. Ils se sont imposés à moi dès la création du roman. C’était un peu comme s’ils avaient toujours existé dans un coin de mon esprit. Leur caractère, leurs forces et leurs faiblesses, tout semblait couler de source.
Serena M. : L’action se déroule donc en Espagne, entre 1939 et 1945. Pourquoi ces choix ?
Frédéric L. : En fait, l’histoire se déroule près de Ochate. C’est un petit village espagnol dans lequel se seraient passés toutes sortes de phénomènes étranges (voix, lueurs inexpliquées,…). On lui prête volontiers le qualificatif de « maudit ». J’ai donc décidé de m’en servir comme point central de l’histoire et, évidemment, de l’adapter à ma manière. Le choix de la période historique découle de plusieurs passages clés dans le roman. Tout y est rattaché.
Serena M. : Il s’agit d’un livre Jeunesse, mais tu as déjà touché à l’écriture pour adultes et enfants. Finalement, avec quel public te sens-tu le plus à l’aise ?
Frédéric L. : Curieusement, je me sens à l’aise avec ces différents publics. Etant donné que je privilégie surtout les atmosphères tout en restant dans le même genre, ce n’est pas trop difficile. Ceci dit, je dois veiller à ne pas perdre de vue le public auquel je m’adresse et édulcorer certains passages au besoin. Pour les enfants, c’est différent. J’écris une nouvelle et certains amis testent le récit sur leurs propres enfants. Comme cela, je sais si l’histoire est bonne, à travailler ou mauvaise. Je crois que la grande difficulté avec les petits c’est de maintenir leur attention éveillée constamment. Heureusement, je suis resté un grand enfant moi-même. Ca m’aide beaucoup, lol. Et j’ai la chance d’avoir une personne de talent pour illustrer mes histoires. Notre projet commun a pris du retard mais il devrait voir le jour cette année si tout va bien.
Serena M. : Le prochain de tes livres à paraître s’intitule Le souffle des ténèbres et sera édité par Val Sombre en Juillet 2012. Veux-tu nous en toucher deux mots (ou plus) ?
Frédéric L. : Le souffle des ténèbres est une histoire qui me trottait en tête depuis plusieurs années. J’en avais déjà réalisé plusieurs esquisses sans jamais en être satisfait. Et puis, un jour, tout s’est mis en place et la majorité du roman est sortie sans problème. Les corrections, par contre, ce fut une autre paire de manches, lol.
J’ai toujours été fasciné par les légendes bretonnes. Vous allez peut-être rire mais cet attrait date de mon enfance suite à la lecture d’une bande dessinée. C’était L’ankou, une aventure de Spirou et Fantasio. Je crois que le dessin de Fournier y était pour beaucoup. Ecrire un roman fantastique contemporain se déroulant dans ces terres bourrées de légendes me paraissait une évidence. C’était un projet qui me tenait fortement à cœur et je suis heureux que Val Sombre ait cru en sa valeur.
Serena M. : Les légendes bretonnes dont tu fais référence dans cet ouvrage sont-elles « réelles » ou les as-tu inventées pour ton récit ?
Frédéric L. : Une bonne partie des légendes sont réelles mais je les ai reliées entre elles autour d’une légende inventée. Cette dernière puise sa source dans l’histoire de Gilles de Rais avec laquelle j’ai pris quelques libertés. Tout se passe dans un petit village vivant dans la terreur des ruines d’un vieux château au sein duquel des événements tragiques ont eu lieu. Je ne peux malheureusement pas en dire plus sous peine de révéler une partie de l’histoire.
Serena M. : Je sais que tu as déjà été publié, dans plusieurs maisons d’édition, pour différents genres et diverses formes... En somme, un sacré panel ! Es-tu satisfait de ton parcours ? Y changerais-tu quelque chose après réflexion ?
Frédéric L. : Je suis assez satisfait. Toutes ces périodes m’ont été profitables à divers niveaux. Bien sûr, avec le temps qui passe, on se dit qu’on aurait fait telle ou telle chose différement, surtout au niveau de l’écriture. Mais je ne suis pas trop du genre à m’attarder sur le passé. J’essaie d’apprendre de mes erreurs et d’avancer tranquillement. Si je devais formuler un regret, ce serait peut-être de ne pas avoir eu suffisament confiance en moi dès le départ et d’avoir recouru aux pseudonymes. Mais, au final, ce n’est pas bien grave.
Serena M. : Dans la vie et en écriture, es-tu plutôt du genre à placer la barre très haut ou à gravir doucement chaque étape ?
Frédéric L. : En fait, je ne me suis jamais fixé aucun plan de carrière en écriture. C’est avant tout un plaisir que je partage avec mes proches. Mes premiers romans ont été publiés car un ami de longue date a fondé sa maison d’édition en Belgique mais, lorsque j’ai essayé de franchir un pallier, je me suis heurté à de nombreux refus. J’ai donc continué à écrire pour mon entourage et ce travail incessant, mais jamais contraignant vu que cela reste avant tout un plaisir, m’a aidé à m’améliorer. Jusque là, je me contentais de sortir mes livres, de les partager avec mes amis et de les ranger dans ma bibliothèque. Et d’en écrire un autre. Début d’année passée, lorsque je venais de sortir Entrez…, mon précédent recueil de nouvelles fantastiques, ma compagne m’a poussé à le soumettre à des sites de chroniques afin de me faire connaître. Elle trouvait que c’était du gâchis de ne pas le faire. C’est à elle que je dois le plus. Elle est ma première lectrice, n’hésitant jamais à m’encourager ou m’égratigner si besoin est.
Dans la vie, ma priorité est ma famille. Dans le cadre de mon travail, je passe des examens que j’ai la chance de réussir mais, récemment, j’ai refusé un poste plus important car il m’aurait empêché de profiter convenablement de ma vie familiale. Plus tard, je prendrai certainement ledit poste mais mes enfants sont ma priorité absolue avec l’écriture. Cela n’a pas de prix. Aucun salaire ne peut rattraper la perte du temps passé avec ses proches ou justifier de ranger sa passion au placard.
Serena M. : Tu es une personne très occupée, entre ton travail, ta famille et ta passion littéraire. Pourtant, avec ta superbe créativité, arriverais-tu à imaginer ta vie sans écriture ?
Frédéric L. : Absolument pas. Il ne se passe pas une seule journée sans que je ne griffonne quelques pages ou ne serait-ce qu’une idée. C’est absolument vital. Cela fait partie intégrante de ma personnalité. Heureusement, ma compagne a également une passion : le chant. Elle chante dans un groupe de rock et sait très bien la nature de cette flamme qui nous anime. On arrive toujours à se relayer quand l’un ou l’autre a besoin d’un peu de temps pour créer quelque chose.
Serena M. : Avant de nous quitter, aurais-tu une information exclusive à nous dévoiler ? Par exemple le sujet d’une œuvre à venir...
Frédéric L. : Voyons voir, lol. Il y a le roman actuel que je suis en train de peaufiner. Il s’appelle, pour le moment du moins, « Les résidents ». Cela commence comme une histoire classique de maison hantée avant de dévier vers les légendes aztèques. Les premiers retours sont assez positifs mais il y a encore du travail, mdr.
Sinon, je suis également en train d’essayer de faire rééditer Entrez… auprès d’une autre maison d’édition. Si tout va bien, il y aura bientôt des nouvelles sur ma page Facebook.
Serena M. : Merci infiniment de m’avoir consacré du temps Frédéric, je te souhaite bien du succès !
Frédéric L. : C’est moi qui te remercie de m’avoir donné la chance de m’exprimer et de t’être penchée sur mon univers !
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